Albert Mignati inaugure une nouvelle série de portraits. Chaque fois que l’occasion se présentera, nous viendrons vous présenter sur jesuisunautoentrepreneur.com des intervenants de qualité pouvant apporter leur opinion sur ce statut mais également donner des conseils à tous ceux qui se lancent dans
l’aventure de l’auto-entrepreneuriat.
Matthieu, jesuisunautoentrepreneur.com :
Bonjour Albert, récemment, vous avez publié un billet aussi provocant que polémique : je suis contre l’auto-entrepreneur. Quasiment 5 mois après son entrée en vigueur, pourriez-vous prendre parti « pour » ou « contre » l’auto-entrepreneur ?
Billet volontairement polémique en tout cas, et ce après avoir fait 5 ou 6 articles beaucoup plus positifs avant (ainsi que d’autres depuis). Sorti du contexte, cet article a en effet suscité beaucoup de commentaires mais a au moins permis d’avoir un débat.
Ma position aujourd’hui est toujours partagée. Depuis 2003 je me bats dans les Universités, les lycées et les collèges pour montrer qu’entreprendre, c’est possible, même jeune, sans argent, sans réseau, sans expérience. Dans ce sens, le statut d’auto-entrepreneur est un vrai message pour faire changer les mentalités.
En revanche, je ne pense pas que le statut d’auto-entrepreneur débouche sur de nombreuses créations d’entreprises. Le fait de compter les auto-entrepreneurs dans le chiffre de ces créations est une superbe opération de communication pour le Gouvernement mais ne fait que masquer le fait qu’il y a beaucoup moins d’entreprises « classiques » qui se créent. Pas de capital, travail en solo, trop peu de formalisme… pour moi il est clair que l’auto-entreprise n’est pas une entreprise.
Si vous deviez mettre en avant un avantage du statut, ce serait lequel ?
Il montre que l’on peut prendre l’initiative et gagner de l’argent du fait de sa propre activité. Il faut lui laisser du temps pour passer dans les mœurs. Et ce sera parfait !
Et un inconvénient ? Le manque de formalisme lié au modèle semble dire « allez-y, faites ce que vous voulez, il n’y a pas de contraintes ». J’ai peur qu’on découvre dans quelques mois l’urgente nécessité d’accompagner mieux les auto-entrepreneurs et de les former aux principes de base de gestion et de compta.
Quand on évoque l’auto-entrepreneuriat, on se limite souvent à mentionner que l’on ne paie des charges que sur le chiffre d’affaires. N’est-ce pas trop réducteur? L’auto-entrepreneur n’est-il pas avant tout un entrepreneur ? Bonne question. La
définition classique d’un entrepreneur est celle-ci : c’est quelqu’un qui prend des risques en vue d’un gain financier futur. C’est forcément lié au capital. J’ajouterais, pour en côtoyer des dizaines tous les jours, que c’est aussi quelqu’un qui porte une vision et qui la fait partager à ses équipes.
L’auto-entrepreneur est plus un entrepreneur en devenir :) .
Simple. Sans Risques. Facile à mettre en place.
Pourtant, opter pour le statut de l’auto-entrepreneur signifie-t-il qu’il faut se passer d’un business plan ? Un
business-plan, c’est censé servir à 4 choses : formaliser la compréhension d’un marché, montrer l’utilisation des ressources, faciliter le travail en équipe (document d’alignement des associés) et mettre sur le papier un plan d’actions. L’auto-entrepreneur n’a manifestement pas besoin d’un business-plan aussi formel, peut-être tout au plus une feuille de route opérationnelle.
Après, cela dépend évidemment de l’activité. De nombreux auto-entrepreneurs rentrent dans l’une de ces catégories : légalisation d’une activité faite « au noir », revenus liés à l’Internet, consulting pour les seniors, prestation de service aux entreprises (graphisme, réalisation de sites, …). S’il n’y a pas volonté de créer une SARL, une SA ou une SAS ensuite, faire un business-plan n’a pas de sens.
Et si vous deviez adopter ce statut, ce serait pour quel type de projet ?
Peut-être porter une activité de conseils aux entrepreneurs ? Mais je ne suis pas un solitaire, je ne sais que trop l’importance d’une équipe et le plaisir à travailler, à innover à plusieurs.
Un petit conseil à donner aux (futurs) auto-entrepreneurs ? Foncez !